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Photo du rédacteurLucas Bielli

La Mélancolie : Mythes, Psychanalyse et Dépasser la Perte



a) Izanami et Izanagi

Dans le mythe japonais d’Izanami et Izanagi, la mélancolie est associée à la mort. Selon la légende, Izanami, la déesse de la création, est morte en donnant naissance à Kagutsuchi, le dieu du feu. Après sa mort, Izanami est descendue dans le monde des morts, appelé Yomi, où elle est devenue la déesse des morts.

Izanagi, le dieu du ciel et de la terre, était profondément attristé par la mort d’Izanami et a décidé de la ramener à la vie. Il est donc descendu dans le monde des morts pour la chercher. Lorsqu’il l’a trouvée, elle lui a demandé de ne pas la regarder, mais il ne pouvait pas résister à la curiosité et a allumé une torche pour voir son visage. Il a alors découvert qu’Izanami était devenue une créature hideuse et décomposée à cause de sa longue vie dans le monde des morts. Elle a été offensée par son manque de respect et a refusé de le suivre.

Izanami et Izanagi

C’est à ce moment que la mélancolie a commencé à s’emparer d’Izanagi. Il est alors sorti du monde des morts et a purifié son corps en se baignant dans une rivière. Pendant son bain, il a donné naissance à de nombreux dieux et déesses, dont Amaterasu, la déesse du soleil, Tsukuyomi, le dieu de la lune, et Susanoo, le dieu de la mer. Ainsi, la mélancolie est associée à la mort dans le mythe d’Izanami et Izanagi, mais elle est également liée à la création d’une nouvelle vie.


b) Orphée et Eurydice. 

Dans le mythe d’Orphée, la mélancolie est associée à la tristesse et au chagrin causés par la perte d’un être aimé. Orphée, un poète et musicien grec, était amoureux d’Eurydice, qui est morte après avoir été mordue par un serpent. Orphée était tellement désespéré qu’il a décidé de descendre aux Enfers pour essayer de la récupérer. Grâce à sa musique et à sa poésie, il a réussi à charmer le Dieu des Enfers, qui lui a permis de ramener Eurydice à la vie à une condition : il devait la guider hors des Enfers sans la regarder jusqu’à ce qu’ils soient sortis.

Cependant, Orphée ne pouvait pas résister à la tentation de regarder Eurydice, et il a tourné la tête pour la voir avant qu’ils ne soient sortis des Enfers. À ce moment-là, Eurydice est morte à nouveau, laissant Orphée seul et désespéré. Orphée a continué à chanter et à jouer de la musique, mais il était tellement accablé par sa tristesse qu’il a négligé les femmes qui le poursuivaient et il a finalement été tué par elles.



Orphée et Eurydice

 Orphée a été incapable de se remettre de la mort d’Eurydice et cela a finalement conduit à sa propre mort. Le mythe d’Orphée est souvent utilisé pour illustrer la puissance de l’amour et de la musique, ainsi que les dangers de la mélancolie et de la tristesse.

Bien qu’ils soient issus de cultures différentes, les mythes d’Izanami et Izanagi et d’Orphée ont en commun l’idée que la mélancolie est associée à la mort et à la tristesse. 

Ces récits mythologiques soulignent le pouvoir émotionnel de la perte et de la tristesse, et le danger qui peut découler de l’incapacité à faire face à ces émotions. Ils peuvent être interprétés comme une mise en garde contre la tristesse excessive, tout en soulignant la nécessité de se souvenir de nos êtres chers et de faire face à leur perte d’une manière qui permet de continuer à vivre.


2/ Psychanalyse et mélancolie

Du point de vue de la psychanalyse, Freud a considéré la mélancolie comme un trouble psychologique distinct du deuil. Dans son livre « Deuil et mélancolie », publié en 1917, Freud a exploré les différences entre les deux états émotionnels et a proposé des explications psychanalytiques pour la mélancolie.

Selon Freud, le deuil est une réponse normale à la perte d’un être cher, tandis que la mélancolie est un état pathologique qui résulte d’une perte réelle ou symbolique. Il a suggéré que la mélancolie est causée par une perte narcissique, c’est-à-dire la perte d’un idéal de soi ou d’un objet d’amour.

Il a également souligné que la mélancolie implique une introjection, c’est-à-dire l’incorporation d’un objet perdu ou idéalisé à l’intérieur de soi. Cette incorporation peut conduire à une identification avec l’objet perdu, ce qui peut expliquer le sentiment de culpabilité et d’autodépréciation qui caractérise souvent la mélancolie.

Freud a donc proposé que le traitement de la mélancolie implique de travailler avec le patient pour explorer les conflits inconscients sous-jacents qui ont conduit à l’introjection de l’objet perdu. Le but du traitement est de faciliter la réintégration de l’objet perdu dans le psychisme de la personne, en aidant le patient à comprendre ses sentiments et ses désirs refoulés.



La mélancolie

La théorie de Freud sur la mélancolie a été l’objet de critiques de la part de nombreux psychanalystes et chercheurs en psychologie. Certains psychanalystes, tels que Mélanie Klein, ont remis en cause la distinction que Freud a établie entre le deuil et la mélancolie, affirmant que les deux états émotionnels sont étroitement liés et que la mélancolie peut être considérée comme une forme de deuil pathologique.

D’autres psychanalystes, tels que Jacques Lacan, ont critiqué l’idée que la mélancolie est causée par une perte narcissique, arguant que d’autres facteurs tels que des facteurs biologiques, sociaux et culturels peuvent jouer un rôle dans le développement de la mélancolie.


3/ Conclusion

La mélancolie peut être décrite comme un état émotionnel profondément triste, qui se caractérise par une perte d’intérêt pour les activités habituelles, une faible estime de soi, un sentiment de culpabilité, une perte d’appétit et d’énergie, ainsi que des pensées suicidaires. La tristesse peut être intense et durer des semaines, des mois, voire des années, et peut être difficile à surmonter.

Les pensées suicidaires sont un autre symptôme courant de la mélancolie, et la personne peut envisager le suicide comme une solution à sa détresse émotionnelle. La mélancolie peut avoir des causes variées, telles que la perte d’un être cher, la fin d’une relation amoureuse, le chômage, la maladie, la faillite, la retraite, le vieillissement ou l’isolement social.

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